« the man behind the beard »

Salut à tous et bienvenue pour cette nouvelle interview pas comme les autres. En effet, aujourd’hui, je vous présente une traduction de l’interview de Lucas Parker, Crossfiteur élite et 19e des derniers Crossfit Games. Cette interview a été réalisé par « box life magazine », vous pourrez retrouver l’interview originale à la fin de cet article.

Enjoy!

 
Si vous regardez les Crossfit Games depuis ces trois dernières années, il est difficile d’avoir manqué Lucas Parker !! Le Canadien de 24 ans est un des favoris du public. Peut être est-ce son image de bucheron qui se distingue des profils « lisses » des autres compétiteurs. Bien sur, il est possible que la barbe, un symbole de sa dévotion pour son sport et l’appréciation qu’il a pour ses fans, lui donne cette image.

 

Dans cette interview, Lucas nous parle de son entrainement, de ses choix alimentaires, (dans le passé il alternait entre Mc do et Wendy’s…) et de ce qui l’attend en 2014.

 

Cela fait déjà quelques mois que les Crossfit Games 2013 sont terminés, as-tu analysé ta performance afin de réajuster ton entrainement ?

Je pense que la réflexion est importante, pas seulement après chaque grosse compétition mais aussi après chaque cycle d’entrainements et même après chaque workout. Je repense aux stratégies que j’ai mis en place pour chaque entrainement, comment je me suis alimenté, de quelle façon j’ai dormi, comment je vois les choses et les visualise, si j’étais positif ou négatif et puis, bien sur, avec le recul, comment je me suis entrainé toute l’année. J’ai clairement fait des changements dans la façon dont je m’entraine pour aller de l’avant, mais je suis toujours en train de récupérer des Games.

 

Tu es bien connu pour garder une solide technique même si cela signifie laisser tes concurrents te passer devant. Parles-nous de cette philosophie.

Je pense que quand les gens utilisent le terme « bonne technique » ils pensent que c’est simple, securit, lent et contrôlé et que cela sert uniquement à ne pas se faire mal. C’est effectivement une grosse partie de l’objectif mais une « bonne technique » c’est aussi la manière la plus efficace, la plus rapide et la plus puissante d’exécuter la tâche à accomplir. Si tu me demandes ce qu’est une bonne technique pour le clean and jerk (épaulé-jeté), je te dirai de regarder les images des jeux olympiques et de regarder comment les athlètes qui soulèvent les plus grosses charges au monde réussissent cette prouesse. Par définition, c’est la meilleure technique pour soulever les charges les plus lourdes. Si tu me demandes quelle est la meilleure technique pour sprinter, regardes les sprinters les plus rapides du monde et par définition, la technique qu’ils utilisent est la meilleure pour courir le plus rapidement possible. J’applique cette mentalité en faisant en sorte d’avoir les meilleures fondations possibles pour ma technique et la maintenir sur chaque workout. Les seules choses qui pourront toujours me limiter sont mon endurance et mon niveau de forme, et non pas le fait d’avoir une « mauvaise » technique.

 

 

Tu te coaches toi-même, et si cela peut ajouter un peu de pression, tu aime ça ! Tu apprécies aussi les coachs comme CJ Martin, Cam Birtwell et Dusty Hyland. Penses-tu prendre un coach un jour ?

Je prends du plaisir à m’auto- entrainer et j’en retire une certaine fierté, non pas parce que je fais tout tout seul, mais parce que ce n’est pas vrai. J’ai beaucoup de soutien. Ma famille vient aux Games pour m’encourager depuis les tribunes. Ma copine à mon pass de coach. Elle porte mes sacs, me nourrit et m’habille. Cette année, je travaillerai plus étroitement avec les coachs que j’aide. Cam Birtwell (strenght ant conditionning coach) travaille avec des athlètes de niveau olympique tous les jours et fait un peu de Crossfit. Je le considère comme un ami et comme mon consultant. Je teste mes idées avec lui et je lui demande son avis sur la programmation que j’ai mise en place. J’apprends humblement afin que mes performances franchissent un nouveau palier, j’ai besoin de mettre plus de confiance dans les experts.

 

Quel est ton volume d’entrainement ?

Mon volume change sensiblement en fonction des périodes de l’année. Si j’y vais vraiment fort et que je me prépare pour les Régionals, je peux faire 2 à 3 sessions par jour, 5 jours par semaine. Habituellement je prends le mercredi et le samedi comme jours de repos. Hors saison, je m’entraine moins pour laisser le temps à mon organisme de récupérer des différentes « blessures ». Je mets toujours un point d’honneur à commencer un nouveau cycle d’entrainement à 100 % de mes capacités mais c’est toujours moins que lorsque je me prépare pour les Games.

 

 

Quand tu te prépares pour les Régionals, combien de temps durent tes entrainements ?

Je prends pas mal de temps pour m’échauffer et préparer mes articulations, mes muscles ainsi que les différents mouvements de base qui me serviront pour la suite de mon entrainement. Je suis en moyenne 2-3 heures à la salle pour une séance d’haltérophilie. Si je fais quelque chose de plus « aérobique », comme une session de rowing ou d’aérodyne, cela dure moins d’une heure : 10 minutes d’échauffement, 20-30 minutes d’entrainement intensif en intervalles ou en continu et ensuite un cool down. Les sessions techniques sont un peu plus courtes. Tout dépend de l’énergie que j’ai. Si je sens qu’il n’y à rien dans la machine, je sais que je dois tirer la sonnette d’alarme car je n’utiliserai pas mon temps efficacement.

 

 

Comment l’école joue sur ton entrainement ?

L’année dernière j’étais un étudiant à plein temps, en cours de septembre à avril. Cette année est une année de transition car pour la première fois je ne suis plus à 100% étudiant. J’ai d’abord pensé que j’aurais tellement plus de temps pour m’entrainer ! Mais le plus grand bénéfice que j’ai pu retirer du fait de ne plus être à l’école, c’est qu’au lieu de rester assis pendant 2-3 heures d’affilée et avoir mes hanches et mon dos tout raides, je peux maintenant passer plus de temps à m’étirer, mobiliser et récupérer. Dans ce sens, en avoir terminé avec l’école m’a vraiment aidé dans mon entrainement.

 

 

Quelle est ta routine de récupération entre les entrainements et pendant la saison ?

J’aime être traité par un professionnel (chiropracteur) de temps en temps. Je pense que quelqu’un qui est allé à l’école pendant 4 ans apprendre ces choses a une meilleure compréhension et une habileté pour travailler sur mon corps que moi, restant à la maison avec mon foam roller et ma balle de lacrosse. Cependant, je crois en mon travail de mobilité et en ma capacité à trouver ce qui fonctionne pour mon corps. Les bandes Voodoo m’ont beaucoup aidé pour les blessures aux épaules et aux chevilles. Je fais également de la relaxation. Je trouve que prendre un bain aux sels d’Epsom après un entrainement est une des meilleures façons de relâcher les tensions, laisser l’ esprit ralentir et être sûr que je vais passer une bonne nuit de sommeil.

 

 

Parlons un peu nutrition. Nous avons lu que tu appréciais Wendy’s (l’équivalent de Mc do aux USA) et avais gagné du poids avant les Games de 2013. Racontes nous un peu.

Oui, j’ai vraiment gagné du poids avant les Regionals et je l’ai maintenu jusqu’aux Games, ce qui n’a pas forcément été la meilleure idée que j’ai eue. J’ai noté une augmentation conséquente de ma force ainsi que de ma puissance , mais comme c’était les domaines où j’étais déjà bon, j’aurais eu des performances plus « complètes » si j’avais été un peu plus léger et capable de mieux réussir des épreuves comme la course à pied, le rameur ou les mouvements sur barre. Les gens pensent que je me fiche de la manière dont je me nourris à cause des différents compléments alimentaires mais je m’en soucie ! Juste d’une manière différente. Je me concentre sur le fait d’avoir assez de carburant pour maintenir mon niveau d’activité physique. Pendant l’inter-saison, je diminue un peu les quantités de bagels et de pâtes, mais si tu t’entraines pour une performance de haut niveau dans un sport à haute intensité, parfois tu as besoin de te laisser aller pour avoir toute l’énergie dont tu as besoin. C’est juste mon opinion. Je peux ajuster ma diète tout au long de l’année et voir comment cela m’affecte. Mais quand je veux être prêt pour une compétition, je laisse tomber les expériences car je ne sais pas à quel point cela affectera mes performances.

 

 

Donc, tu étais plus lourd de 4,5 kilos pendant les Games ?

Oui, je devais peser approximativement 88,5 kilos. Tournant autour ce poids pendant l’année, je pèse habituellement en dessous de 84 kilos, entre 82,5 et 84. Puis pendant l’été, pendant la saison des Games, je suis vraiment plus prêt des 88,5-89,5 kilos. J’avais pris un peu de poids à ce moment là, le principal étant du muscle et sûrement un peu d’eau aussi.

 

 

Nous savons que tu adores sprinter. Est-ce que tu incorpores du sprint et d’autres exercices d’explosivité dans tes entrainements ?

Oui bien sur. Je pense que c’est très important quels que soient tes objectifs. Sprinter est le plus pur, le plus efficace des exercices qu’un homme puisse réaliser. Tu n’as pas besoin d’une barre, de chaussures spéciales ou d’une salle. Tu as juste besoin d’une ligne droite sur un sol plat et tu peux faire un super entrainement !
C’est un exercice simple en soi mais qui demande quand même un peu de technique. Mais juste le fait de regarder quelques vidéos ou trouver un entraineur compétent peut être vraiment top pour améliorer cette technique de sprint. Quand tu as une bonne technique tu peux vraiment faire un super entrainement. Tu peux y aller à fond et aller jusqu’à te faire vomir en moins de 15 secondes. Ce qui est plutôt difficile avec n’importe quel autre format d’entrainement.
Quand les gens utilisent le terme « sprint » en référence au Crossfit, il est généralement mis dans le même sac que les autres mouvements. En général tu arrêtes de faire du jogging et tu utilises le sprint comme n’importe quel autre exercice, parce que la séance dans son ensemble est beaucoup plus longue. Un vrai sprint c’est courir sur de courtes distances : 100m, 200m, 400m, et tout donner.
Mes entrainements en sprint se font sur la piste ou sur un terrain de football avec des crampons. Mon échauffement est un peu plus long que l’entrainement en lui-même, parce que tu as besoin de préparer tes muscles, les ischios-jambiers et les mollets, pour l’extrême vélocité et la force que demande le sprint. Il y a beaucoup d’exercices, de « gammes » comme les montées de genoux, différents sauts et bondissements. Je peux commencer par quelques accélérations, travailler ma position de départ, et ne pas faire plus de 4-6 peut être 8 répétitions sur des distances de 20-40-60-80 mètres, afin de travailler sur de la vitesse pure. Je récupère 2 à 3 minutes entre chaque afin d’être frais et prêt à attaquer la répétition suivante. Si c’est une session de sprint plus longue, je fais des répétitions de 200m ou 400m et je me concentre sur ma foulée, ma position, en essayant de garder un rythme assez élevé.

 

 

Pour ceux qui ne connaîtraient pas l’histoire, parle-nous de cette barbe ?

J’ai laissé pousser ma barbe en 2011 pendant la préparation pour une compétition. Je me suis dis que je ne la raserais pas tant que la saison ne serait pas terminée, que cela me permettrait de me rappeler de chaque répétition, chaque entrainement que j’aurais fait pendant l’année. Je ne pensais pas vraiment à ce que les gens penseraient à ce moment là. Puis, pour les Crossfit Games de 2012, j’ai eu des réactions très favorables de la part de la foule et de quelques fans. J’ai décidé de la laisser encore pousser pendant l’année 2013, pas comme une « barbe d’entrainement » mais plutôt comme un signe de reconnaissance pour le public pour leur montrer que j’apprécie leurs encouragements, leur soutien et leurs attentions.

 

 

Tu es clairement devenu un des favoris des fans. Qu’est ce que ça te fait d’être dans cette position ?

Oui, j’ai toujours trouvé que c’était difficile de le voir de cette manière parce que tous ceux qui participent aux Games sont les favoris des fans. Dans notre sport je ne pense pas qu’il y ait de mauvais bougre. Tout le monde sur le terrain est amical, accueillant et encourageant et je pense que la foule se nourrit de ça. Je reconnais que je sors un peu du lot parce que je ne ressemble pas au Crossfiteur type et je peux voir combien cela peut attirer l’attention. Mais j’espère juste que si je gagne encore un peu de popularité dans ce sport, ce sera à cause de mes performances exceptionnelles.

 

 

Combien de temps penses tu qu’un athlète peut rester au top dans ce sport ?

De par mon expérience personnelle, je dirais que participer aux Crossfit Games plusieurs années d’affilées ne laisse pas le corps indifférent. Je pense que je suis en assez bonne condition considérant mon âge. J’ai 24 ans donc je pense avoir encore 3-5 années devant moi en restant à une forme optimale. C’est juste une question de rester le plus longtemps possible en bonne santé, être sur que je récupère correctement et que je ne fais pas trop de compétitions hors saison. Espérons que, au cours des prochaines années, je serai en mesure de durer et prouver que je suis un compétiteur de premier plan.

 

 

Savais-tu si tu voulais être un compétiteur dès le moment où tu as commencé le Crossfit ?

Oui, absolument ! Les quelques vidéos et images que je voyais du Crossfit venaient des premiers jours des Crossfit Games, en 2008 et 2009. Ces images étaient toujours dans mon esprit alors que je m’entrainais et voulais entrer dans le monde du Crossfit. Quand 2010 est arrivé, j’ai eu la chance d’apprendre à coacher dans une box Crossfit ici à Victoria et c’est ce qui m’a permis d’être capable d’aller aux Regionals. Je crois que c’était par sections à cette époque, et ce fut ma première compétition. A ce moment là, le Canada entier était une région et je suis arrivé 10e. J’ai regardé mes résultats et remarqué quelques lacunes ici et là, mais je me suis dis « je pense que je peux revenir l’année prochaine et gagner ce truc ». Et c’est ce que j’ai fait.

 

 

Tu es coach à Crossfit Zone. A quoi ressemble la transition de l’athlète au coach ?

Je pense qu’être un coach m’aide en tant qu’athlète et être un athlète m’aide en tant que coach. Il y a vraiment beaucoup d’interactions entre les deux. Coachant avec une perspective d’athlète, je sais comment exécuter les mouvements rapidement et efficacement avec une bonne technique et comment appliquer une stratégie pendant un « workout ». J’amène cette perspective à mes clients. Un des avantages du coaching c’est de pouvoir observer les gens exécuter leurs mouvements et détecter les erreurs qu’ils font. Apporter des conseils aux gens m’aide à ancrer ces conseils dans mon esprit pour pouvoir les appliquer à mon propre cas.

 

 

Quel conseil donnerais-tu à un nouveau venu qui veut devenir un athlète Crossfit de haut niveau ?

Pour ceux qui viennent de commencer ce sport, je pense vraiment que la clé est de prendre son temps. Le Crossfit a pris beaucoup d’ampleur et l’idée d’en faire partie est vraiment allèchante. Beaucoup de nouveaux Crossfiteurs veulent se donner à 100% sur chaque workout mais ils risquent de s’exploser les genoux et être hors compétition pendant 2 ans.
Celui qui est lent et régulier gagne la course. Tu dois te demander : en quoi suis-je différent du type qui concourt aux Games ? Est-ce que ce sont ma technique, ma force, mon endurance ou ma puissance ? Je ne suis pas aussi bon ? On doit être honnête avec soi-même. Une fois que tu as mis ça sur papier, tu peux vraiment commencer à t’entrainer et à progresser sérieusement. Observes les athlètes qui vont aux Games et compares leurs lifts et leurs temps sur les différents workout avec les tiens. Changer et progresser demande de vivre comme un athlète élite et rester positif. C’est un long chemin !

 

 

Où te vois-tu en 2014 ?

C’est toujours en chantier. Je pense que j’ai beaucoup parlé des plans et des buts que j’avais pour ma performance, mais ce que j’essaie, le pacte que j’ai passé avec moi-même, c’est que je ne vais pas penser au classement, ni aux Régionals ou aux Games avant janvier. Je vais juste me concentrer sur l’objectif d’être aussi sain que possible dans ma pratique avant cette nouvelle année. En partant de ça, je serai en mesure de me faire une place dans la meute. En me basant sur les performances que j’ai réalisées aux Regionals l’année dernière, je pense vraiment m’être fait une place dans l’élite. Je n’ai pas été capable d’en faire beaucoup cette année et malgré ça j’ai réussi une poignée de très bons résultats dans le top 10. Ce qui me fait penser que si je peux maintenir mon niveau à l’entrainement, travailler sur mes faiblesses et rester en bonne santé, eh bien, je serai prêt pour la compétition en 2014.

 

 

Vous pouvez retrouver l’interview dans sa version originale ici:

http://www.boxlifemagazine.com/magazine-issues

 

 

Et pour si voulez en savoir un peut plus sur le lifestyle de cet athlète hors norme, regardez cette vidéo!